Un même ingrédient prend parfois dix visages. Ici, la street food règne en maître, mais certaines créations ne se dévoilent qu’au cœur d’une fête ou lors d’un événement précis. Malgré l’explosion mondiale de la cuisine asiatique, certains plats gardent jalousement leurs frontières : goûter un bun rieu authentique reste un privilège réservé à ceux qui s’attablent au Vietnam.
Les classiques de la gastronomie locale ne se réduisent jamais à une banale énumération. Ils racontent des histoires de choix, d’héritages, d’adaptations. Chaque recette, portée par des générations, oscille en permanence entre fidélité aux racines et envies de nouveauté, c’est tout l’esprit d’une cuisine vietnamienne qui avance sans renier ce qui la fait vibrer.
Plan de l'article
Pourquoi la cuisine vietnamienne séduit les voyageurs du monde entier
Au Vietnam, le matin commence souvent par une immersion sensorielle : dans les marchés, le Pho s’invite à toutes les tables. Ce bouillon limpide, parfumé d’herbes fraîches et garni de fines lamelles de bœuf, réunit les habitants autour d’un petit-déjeuner qui ne ressemble à aucun autre. Plus qu’une soupe, le Pho s’impose comme un rite quotidien, un repère dans le tumulte de la ville.
À chaque coin de rue, la palette des saveurs s’élargit. Prenez le Banh mi : la baguette craquante, héritée de la France, se remplit de viande, de légumes acidulés, de coriandre piquante. Ce sandwich, accessible à tous, marque l’alliance entre influences étrangères et génie local. La cuisine vietnamienne sait jongler avec la Chine, la France, et ses propres traditions. En témoignent le Banh cuon (crêpes de riz roulées et farcies) ou le Bun rieu (bouillon au crabe relevé), où herbes aromatiques et épices entrent en scène.
Impossible de passer à côté du Bun bo Hue, fameux plat de la région impériale, qui mise sur la force des épices et des saveurs complexes. Plus au sud, le Com Tam (riz brisé) s’accompagne de porc grillé, d’un œuf et de légumes macérés, dans une ambiance de partage et d’abondance. Pour réussir ces plats, la précision de la cuisson fait la différence : maîtriser une sauteuse pour cuisiner peut tout changer au résultat.
Ce qui frappe, c’est cette manière d’oser mélanger, de créer sans cesse. Le Banh bao vapeur, venu de Chine mais revisité à la vietnamienne, montre bien ce jeu d’appropriation. À chaque étape du voyage, la cuisine locale titille le palais : douceur, acidité, profondeur, textures… Le goût du Vietnam, c’est une expérience mouvante, inventive, qui se vit autant qu’elle se raconte.
Quels plats vietnamiens faut-il absolument goûter au moins une fois dans sa vie ?
Voici une sélection de spécialités qui méritent d’être découvertes au moins une fois, tant elles incarnent la richesse et la diversité du pays :
- Pho : Véritable institution, ce bol de nouilles de riz dans un bouillon clair, agrémenté de bœuf ou de poulet et rafraîchi d’herbes, ouvre la journée dans toutes les villes du pays. Dégusté sur un tabouret, au lever du soleil, il incarne l’esprit du petit-déjeuner vietnamien.
- Banh mi : Derrière cette baguette dorée, on trouve un festin miniature : viande savoureuse, crudités, herbes et sauces. Un clin d’œil à l’histoire coloniale, mais surtout un régal universel, vendu à tous les coins de rue.
- Banh bao : Cette brioche vapeur, moelleuse à souhait, cache un cœur généreux de porc, champignons, œuf. Un classique de la pause rapide, qui a su s’ancrer dans la culture locale.
- Banh cuon : À tester pour la finesse de la crêpe de riz, roulée autour d’une farce délicate (viande, champignons) et servie avec oignons frits. Le tout trempé dans une sauce nuoc-mâm relevée : explosion de textures.
- Bun bo Hue : Originaire de la cité impériale, cette soupe marie nouilles épaisses, bœuf, bouillon pimenté et parfois une touche de sang de porc. Les amateurs d’intensité ne seront pas déçus.
- Com Tam : Plat du Sud par excellence, le riz brisé s’accompagne de porc grillé, d’œuf et de légumes vinaigrés. Servi généreusement, il rassemble toutes les générations autour de la table.
- Xoi : Ce riz gluant joue sur les contrastes : version sucrée (cacahuètes, haricots, noix de coco) ou salée (viande, œuf, oignons). Un incontournable de la street food, à déguster à toute heure.
Au-delà des saveurs : traditions, convivialité et petites anecdotes autour des spécialités vietnamiennes
Dans le nord du Vietnam, le Pho n’est pas qu’un plat : il rythme la vie des quartiers, matin après matin. Assis sur un tabouret, bol fumant à la main, chacun partage bien plus qu’une simple soupe : c’est tout un art de vivre, une façon de se retrouver, d’ouvrir la journée en communauté. Les premiers rayons du soleil, les klaxons, le brouhaha : le Pho accompagne chaque réveil.
À Saigon, le Com Tam poursuit cette logique du collectif. Sur les marchés, on sert à la chaîne, mais on prend le temps de discuter, de rire, d’échanger entre voisins ou collègues. L’assiette, souvent copieuse, devient le prétexte à la rencontre : ici, le repas se partage avant tout.
Le Bun bo Hue, quant à lui, cultive l’héritage familial. Chaque ruelle, chaque foyer a sa version, son petit secret. Transmis de génération en génération, ce bouillon parfumé à la citronnelle reste une fierté locale. Les enfants apprennent très tôt à reconnaître l’équilibre des saveurs, tandis que les anciens perpétuent la mémoire de la ville à travers la cuisine.
Partout au Vietnam, le goût s’enrichit de l’oralité : on raconte, on transmet, on échange histoires et astuces autour des marchés vivants. Chaque ingrédient a son anecdote, chaque plat sa place dans le cœur des habitants. Ici, la gastronomie se vit comme une aventure à plusieurs voix, où le plaisir de la table se confond avec celui de la transmission.
Au bout du voyage, il reste cette certitude : au Vietnam, le goût est une invitation. Une main tendue, un banc partagé, une histoire à écouter… et toujours un plat à découvrir.


